Ce qui se passe à Vegas NE RESTE PAS là

C’était à la fois la meilleure et la pire des époques… je parle de la Convention de l’AFM tenue à Las Vegas à la fin de juin. Si vous avez lu mon article dans le Harp de juin, vous savez que la Convention a généralement lieu à tous les trois ans et qu’elle a été reportée d’une année en raison de la pandémie. Las Vegas est l’endroit de choix puisque c’est une ville syndicale conviviale et que les hôtels sont relativement économiques – la nourriture, pas tant, malheureusement. C’était merveilleux de revoir en personne nos collègues des deux côtés de la frontière et de profiter de l’excellent travail des employés de l’AFM, tant canadiens qu’américains, qui ont fait en sorte que l’activité se déroule sans heurts.

Comme je fais partie du comité judiciaire, j’étais attendue à l’hôtel quelques jours avant le début de la Convention. Le comité se compose de 15 personnes, dont bon nombre s’y retrouvent depuis au moins trois conventions. Notre travail consiste à discuter des modifications proposées aux Règlements administratifs de l’AFM. C’est un exercice d’humilité d’être entourée par des personnes aussi intelligentes, respectueuses et attentionnées, et c’est d’ailleurs un travail que j’adore. Le International Executive Board a présenté 13 recommandations, tandis que les membres et les sections locales ont proposé 23 résolutions sur lesquelles les délégués à la Convention devaient éventuellement voter, à la suite des discussions parmi les divers comités, qui à leur tour ont, au cours de la Convention, entendu des témoignages en faveur ou contre chacune des recommandations et des résolutions.

Quelques jours avant le début de la Convention, notre comité a échangé sur les recommandations et résolutions qui nous avaient été assignées, en se demandant pourquoi l’une d’elles, qui semblait relever de nous, avait été assignée à un autre comité. Je me réfère à l’une des cinq résolutions présentées par la Conférence canadienne (chaque section locale est membre d’une conférence géographique à l’intérieur du syndicat, et toutes les sections locales canadiennes font partie de la CanCon, comme nous la nommons).

La CanCon a proposé une résolution traitant de la formation en matière de santé mentale à l’intention des représentants et du personnel des sections locales, laquelle a été finalement renvoyée au International Executive Board, ou IEB, afin qu’il en donne suite. Elle était jugée importante, mais certains détails doivent être mis au point. Deux autres résolutions CanCon, comme plusieurs autres résolutions présentées à la Convention, visaient essentiellement des modifications administratives. L’une ajoutait un titre au VP du Canada (VPC) – directeur des affaires canadiennes – le mettant sur un pied d’égalité avec ses collègues canadiens dans d’autres industries et clarifiant son rôle dans ses échanges avec des agences gouvernementales canadiennes. L’autre le nommait comme délégué au Congrès du travail du Canada, codifiant ainsi les pratiques courantes et les pratiques passées.

Les deux résolutions CanCon restantes visaient à clarifier le rôle du VP du Canada. Faisant encore marche arrière : l’IEB compte deux vice-présidents, un provenant des États-Unis et un provenant du Canada. Le vice-président du Canada est le seul membre du IEB qui, selon les Règlements administratifs de l’AFM, relève directement du président de l’AFM. Et ce, en dépit du fait que le syndicat se nomme The American Federation of Musicians of the United States and Canada. Sur papier, à tout le moins, nous sommes censés être partenaires à part entière, cependant le siège social est à New York.

L’une de ces résolutions concernait les médias, et avait comme but de permettre au VPC d’approuver des ententes avec les médias concernant uniquement des productions canadiennes. Comme il est parfois difficile de déterminer la source de financement d’une production, et en conséquence à quel point elle est canadienne, le règlement de cet enjeu a été renvoyé au IEB, vraisemblablement avec un libellé davantage sophistiqué et déterminant.

La résolution restante, qui à notre avis aurait dû être attribuée au comité judiciaire, tentait d’accorder une certaine autonomie au VPC. Elle avait comme objectif principal de supprimer l’article voulant que le VPC relève directement du président de l’AFM. Le président sortant de l’IEB, le secrétaire trésorier ainsi que plusieurs des délégués se sont carrément opposés à cette résolution, croyant que cela indiquait une fragmentation du syndicat. J’ai proposé un amendement, lequel retirait le libellé qui semblait inacceptable mais qui laissait le libellé proposé permettant au VPC d’agir, sans avoir à consulter le président de l’AFM, en cas d’une urgence ayant seulement une incidence sur les membres canadiens. Les délégués ont adopté l’amendement supprimant le libellé « inacceptable », cependant la résolution comme telle n’a malheureusement pas été adoptée. En conséquence, le VPC ne peut toujours pas agir indépendamment dans une situation d’urgence. Pour les Canadiens, c’était comme recevoir une gifle au visage, et nous avons tous quitté la Convention. C’était la dernière résolution à régler (c’est malheureux qu’un enjeu aussi important ait été laissé pour la fin), et l’on m’a dit que nous avons manqué plusieurs discours des membres du IEB sortants, réélus et nouvellement élus.

En outre, ce fut une fin plutôt amère à ce qui avait été une belle rencontre jusqu’à ce moment-là. Toutefois, nous avons réalisé d’énormes gains dans un autre domaine : deux Canadiens font maintenant partie du IEB en plus du VPC. Nous n’en avions jamais même eu un. Trois membres du IEB sans portefeuille ont été réélus, comme l’ont été les deux vice-présidents, notamment Dave Pomeroy des États-Unis et Alan Willaert du Canada. Les deux Canadiens susmentionnés, soit Dusty Kelly, de la Section locale 145 et Luc Fortin de la Section locale 406, étaient les seuls nouveaux membres sans portefeuille élus. Nous anticipons collaborer avec le nouveau président de l’AFM, Tino Gagliardi, et le secrétaire trésorier, Ken Shirk. Nous offrons aussi de vives félicitations à nos représentants canadiens. Nous savons que ces deux valeureuses personnes feront de leur mieux pour veiller aux intérêts, non seulement des Canadiens qui représentent maintenant à peu près un quart de l’ensemble des membres de l’AFM, mais à ceux de tous les membres de la American Federation of the United States and Canada.

La Convention n’a toutefois pas uniquement porté sur les modifications proposées aux Règlements administratifs. En effet, le président sortant de l’AFM, Ray Hair, nous a adressé la parole. Nous avons entendu des discours inspirants et des mises à jour provenant de représentants d’une myriade d’agences intimement liées au travail de nos membres — le Music Performance Trust Fund, le Sound Recording Special Payments Fund, la SoundExchange, le Film Musicians Secondary Market Fund — ainsi que des agences moins intimement liées, telles que l’Office of Labor-Management Standards, la SAG-AFTRA, l’Actors’ Equity Association, la Fédération internationale des musiciens et la Southern Nevada AFL-CIO. Nous avons également entendu un magnifique groupe après un autre, s’exécutant devant chaque convention, pendant les pauses du midi et au gala tenu la veille de la première séance de la Convention. Je suis heureuse de signaler que notre industrie s’en tire bien à la suite de la pandémie et que tout indique un rétablissement complet!

Francine